Au premier rang de gauche à droite, Louis Morin, Jean-Marc Rozon et Dominique Laroche à la Brasserie Labatt Montréal en 1982. Collection privée D. Laroche.

Québec Air Force

Un héritage de succès

Affiliated Discipline(s): Ski acrobatique: bosses, saut, ski ballet
Achievements: Titres de la Coupe du monde et des Championnats du monde de la FIS, podiums et médailles d’or aux Jeux olympiques d’hiver pour n’en citer que quelques-uns dans les différentes catégories de ski acrobatique.

Au Canada, le ski acrobatique a pris son essor des années 1970 jusque dans les années 1990 ouvrant ainsi, la voie à un groupe de skieurs motivés, créatifs et talentueux originaires du Québec. 

Depuis ses débuts, la bande de la « Québec Air Force » a dominé les compétitions sur la scène internationale pendant des années. Le groupe s’est inspiré du succès des pionniers québécois en saut acrobatique, John Eaves, Craig Clow, Jean Corriveau et Pierre Poulin, puis de la génération suivante, comprenant les frères Laroche, Lloyd Langlois, Jean-Marc Rozon, Marie-Claude Asselin et bien d’autres. 

Ces succès ont marqué les débuts d’une longue lignée de performances dominées par les skieurs canadiens dans les disciplines du ski acrobatique qui se poursuit encore aujourd’hui.

Les membres de la « Québec Air Force » à Oberjoch en Allemagne en 1982 lors de leurs premiers succès remarquables sur la scène internationale. De gauche à droite : Dominique Laroche, Pierre Poulin, Craig Clow, Yves Laroche, Jean Corriveau et Jean-Marc Rozon. Collection privée de D. Laroche.

À nous le podium

Un circuit professionnel international de skieurs acrobatiques s’était implanté dans les années 1970, avant que le sport ne soit officiellement encadré par l’Association canadienne en 1974 et régi par la Fédération internationale de ski en 1981. Un phénomène intéressant a commencé à se manifester sur ces podiums au cours des premières années.

En effet, les athlètes québécois ont commencé à monter régulièrement sur le podium, avec parfois sept ou huit skieurs parmi les dix premiers. Il fut un temps où le Canada comptait 13 des 16 meilleurs skieurs en saut acrobatique au monde, dont la plupart était originaire du Québec.

Qui sont les membres de la « Québec Air Force »?

La désignation de « Québec Air Force » n’était pas une étiquette que les athlètes s’accolaient, ni un club officiel formé de membres. Néanmoins, c’était un titre qui a été attribué avec fierté par les athlètes nationaux et internationaux ainsi que par les médias témoins de leur incroyable domination. 

La « Québec Air Force », formée d’hommes et de femmes participant à des compétitions internationales, a été l’adversaire à battre pendant de nombreuses années. Être considéré membre de ce groupe signifiait être originaire du Québec et se distinguer lors des compétitions.

Marie-Claude Asselin (gauche) et Jean Corriveau (centre) de la « Québec Air Force », aux côtés de Lauralee Bowie et Mike Nemesvary derrière. Collection privée de D. Laroche.

Entraînement d’été sur des rampes et des sauts en piscine au Relais au Lac Beauport, Québec. [G-D] Victor Laroche, Serge Lavoie, Alain Laroche, Philippe Laroche, Nicolas Fontaine et sa fille Charlie, Jean-Marc Rozon, Brad Suey et sa fille. Collection privée de D. Laroche.

Les clés du succès

Selon l’entraîneur canadien Dominique Laroche, un ancien athlète de ski acrobatique, le facteur qui a donné aux skieurs québécois un avantage considérable lors des compétitions allait au-delà de leur simple talent. Les athlètes ont développé eux-mêmes des programmes d’entraînement pour prendre une longueur d’avance. Ces programmes misaient sur des rampes artisanales et des piscines d’entraînement ainsi que sur des séances sur trampolines à l’année longue. Il fut un temps où il y avait plus de rampes d’eau au Québec que partout ailleurs dans le monde.

C’est l’adoption précoce de ces technologies par la « Québec Air Force » et l’ingéniosité dont elle a fait preuve pour les utiliser qui ont fait de ses membres des champions du monde. Leur priorité la plus importante était de repousser les limites du sport vers de nouveaux horizons.

Ils étaient les premiers au monde à effectuer de triples périlleux arrières avec multiples vrilles. Ils repoussaient sans cesse les limites. La clé de leur succès résidait en partie dans le fait qu’ils ont toujours travaillé ensemble en se poussant à donner le meilleur d’eux-mêmes.

« La domination du Québec en ski acrobatique s’étend sur des décennies… Chacun d’eux a contribué à façonner l’histoire, à faire la une et à renforcer la culture de l’amour d’un sport qui, d’un point de vue réaliste, est marginal à l’extérieur de La Belle Province »

Deidra Dionne, pour CBC Sports.

 

Les membres de la populaire « Québec Air Force » 1986. De gauche à droite : Yves Laroche, Lloyd Langlois, Alain Laroche. Collection privée de D. Laroche.

Passer le flambeau

Hormis les infrastructures et les programmes d’entraînement avant-gardistes qu’ils ont bâtis et créés, il y avait des éléments intangibles qui ont rendu la « Québec Air Force » unique. Les amitiés authentiques et l’esprit de compétition féroce qu’ils partageaient entre eux leur ont fait connaître le succès mondial. 

Il y avait également un avantage intergénérationnel. Lorsque les athlètes plus jeunes, tels que Nicolas Fontaine et Jean-Luc Brassard, sont arrivés, ces derniers ont eu accès aux programmes en place et au mentorat nécessaire pour perpétuer cette domination. 

     

Coupes du monde et Championnats du monde

La Coupe du monde a débuté en 1978 et les premiers Championnats du monde de la FIS se sont tenus en 1986.

Parmi les membres de la « Québec Air Force » qui ont atteint des niveaux de succès extraordinaires à ces compétitions, on retrouve Marie-Claude Asselin, cinq fois championne du monde, et les vainqueurs de la Coupe du monde, Jean Corriveau, Craig Clow, Yves Laroche et Jean-Marc Rozon. Aux tous premiers Championnats du monde de la FIS, Lloyd Langlois et Alain Laroche sont devenus les champions en titres.

Lloyd Langlois (à gauche), Jean-Marc Rozon (centre) et Alain Laroche (à droite) à la Coupe du monde de ski acrobatique à La Clusaz, en France. Collection du TRSCM.

Philippe Laroche (à gauche) et Lloyd Langlois (à droite) célèbrent après avoir gagné l’argent et le bronze en saut acrobatique aux Jeux olympiques d’hiver de Lillehammer. Site officiel de l’équipe olympique canadienne.

Les Jeux olympiques

Le ski acrobatique a fait son entrée aux Jeux de Calgary en 1988 comme sport de démonstration. Au terme de cette épreuve de saut acrobatique, Jean-Marc Rozon a remporté la médaille d’or et Lloyd Langlois s’est emparé de l’argent. En 1992, le saut acrobatique n’était encore qu’un sport de démonstration à Albertville, en France, là où Philippe Laroche a décroché l’or et la recrue Nicolas Fontaine a rapporté l’argent. 

Ces victoires ont préparé le terrain pour Lillehammer, en Norvège, en 1994. Le ski acrobatique était alors devenu un sport officiel. Quatre Canadiens se sont classés parmi les six premiers en saut, avec Philippe Laroche et Lloyd Langlois remportant respectivement l’argent et le bronze. Au cours de ces mêmes Jeux olympiques, le skieur de bosses, Jean-Luc Brassard, a remporté la médaille d’or. La domination du Québec en bosses est le résultat du succès de la province en saut acrobatique.

Regardez comment s’est remporté la toute première médaille d’or olympique canadienne en bosses | LILLEHAMMER 1994 Ski acrobatique Finale Bosses Jeux Olympiques Hommes

La descente de Jean-Luc Brassard qui lui a valu l’or à Lillehammer en 1994. Canal olympique.

« Cette passion pour le ski acrobatique, et je fais de mon mieux de la transmettre à la nouvelle génération, est toujours très vivante. »

– Nicolas Fontaine

Le Canadien Nicolas Fontaine participe à l’épreuve de saut acrobatique aux Jeux olympiques d’hiver de Nagano en 1998. Photo PC / COA / Mike Ridewood.

Talentueuses et décorées, les sœurs Dufour-Lapointe (Maxime, à gauche, Chloé et Justine) perpétuent l’héritage de la domination québécoise initiée par les pionniers de la « Québec Air Force ». COC – Mike Ridewood.

Consolider un héritage

Depuis les années 1990, le Québec a maintenu sa domination au sein du ski acrobatique, en partie grâce aux pionniers de la « Québec Air Force » qui ont ouvert la voie et inspiré les jeunes skieurs. Au début des années 2000, alors que de nombreux Canadiens se sont tournés vers le ski acrobatique et d’autres disciplines, les nouvelles générations québécoises n’ont pas perdu de vue le succès des anciens champions.

Alexandre Bilodeau est tombé en amour avec le ski acrobatique en regardant Jean-Luc Brassard. Les sœurs Dufour-Lapointe et Mikaël Kingsbury reprennent eux aussi fièrement le flambeau.

Le plus grand skieur de bosses de l’histoire, Mikaël Kingsbury, a complété sa collection à Pyeong Chang, en 2018, en gagnant la médaille d’or olympique. Comité olympique canadien.

Découvrez comment Jean-Luc Brassard a rencontré Alexandre Bilodeau.

Jean-Luc Brassard décrit sa rencontre avec un jeune de 11 ans motivé du nom d’Alexandre Bilodeau.

(De gauche à droite) Jean-Marc Rozon, Lloyd Langlois et Nicolas Fontaine. La Tribune Numérique, latribune.ca

En rétrospective

Une fois par année, certains membres originaux de l’impressionnante « Québec Air Force » se réunissent. Jean-Marc, Lloyd, Nicolas et les frères Laroche se replongent dans leurs souvenirs incroyables du saut acrobatique. 

Ce n’est qu’après une journée complète de sauts que ces athlètes partagent un repas, une conversation enrichissante et, bien entendu, les bons souvenirs de leurs réussites, de leurs voyages et de leur camaraderie. 

« Ce dont je me souviens le plus, ce sont mes deux amis avec qui tout a commencé, deux gars qui ont été à mes côtés durant toute ma carrière, mes vraiment bons amis. »

– Jean-Marc Rozon

Pour en savoir plus

Lisez un article de Radio-Canada (en anglais seulement) à propos de l’histoire d’amour du Québec avec le ski acrobatique. 

L’histoire du ski acrobatique au Canada. Freestyle Canada.

Trois des membres originaux de la Québec Air Force se remémorent du passé dans cet article de La Tribune

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