Mont Tremblant en été, vers 1939. Collection du TRSCM.

Survol des premières canadiennes en ski

Le spectaculaire terrain skiable du Canada compte parmi les meilleurs au monde

Des montagnes immaculées aux stations de ski aménagées, le Canada a adopté les coutumes et les techniques de la culture du ski et de la planche à neige d’un océan à l’autre. À travers leurs expériences, les Canadiens amateurs de ski et de planche à neige ont innové dans ces sports. Ils ont créé des communautés et des installations uniques. Au fil des décennies, des Canadiens talentueux ont découvert l’art des sports d’hiver en trouvant et en partageant des façons uniques d’en améliorer l’expérience et ce, depuis plus de cent ans.

Même si les Canadiens ne sont pas toujours d’accord à savoir à quelle station de ski revient le crédit d’un premier exploit en particulier, il n’y a aucun doute que des esprits innovants ont trouvé des façons uniques d’améliorer l’expérience des skieurs et des planchistes à travers le pays.

Le premier club de ski au Canada

Bien que d’autres clubs de ski aient pu exister dans le passé, le Revelstoke Ski Club détient le record du plus ancien club de ski toujours actif au pays. La preuve consiste en une photo portant l’inscription « Revelstoke Ski Club, 1891 » retrouvée à la fin des années 1800. La photo montre le résident local F.B. Wells, membre fondateur du club et l’un des premiers à vendre des skis dans la région.

Revelstoke Ski Club, 1891. Collection du TRSCM.

Ole Westerberg (vers 1900) a été l’un des immigrants norvégiens qui a fait connaître le ski auprès des habitants locaux. Musée et archives de Revelstoke.

Les Scandinaves qui ont inspiré un pays

Qu’est-ce qui explique que le Revelstoke Ski Club est le plus ancien club du pays? La première utilisation connue des skis, surnommés à l’époque « raquettes norvégiennes », dans cette région remonte au moment où Ole Sandberg, un immigrant scandinave, utilisait des skis artisanaux pour se déplacer. Un compatriote norvégien, Ole Westerberg, était le facteur local et utilisait ses skis pour livrer le courrier jusqu’à 80 km au nord de Revelstoke! Les habitants locaux ont dû être fascinés par cette nouvelle technologie étonnante, mais formidable.

La première station de ski en Amérique du Nord

Le Chalet Cochand à la Station Sainte-Marguerite, Québec, a été fondé en 1914 par Émile et Léa Cochand qui ont acheté une petite maison à un étage sur un terrain de 500 acres pour 500 $. En mettant la main sur cette maison toute simple et ce terrain, le couple rêvait d’en faire le premier hôtel de villégiature au Canada. Émile est un Suisse arrivé au Canada en tant que premier moniteur professionnel de ski au pays commandité par le Montreal Ski Club. En combinant leurs compétences et leur passion pour le ski, le couple est parvenu à concrétiser sa vision.

Émile et Léa Cochand avec leur fille Yvonne en 1915. Source : « The Incredible Emile Cochand », Canadian Ski History Writers Project. Skiing Heritage Chawkers Articles du TRSCM.

Le Chalet Cochand après son agrandissement. Source : Chalet Cochand, Projet d’écriture de l’histoire du ski canadien. Skiing Heritage Chawkers Articles du TRSCM.

Un projet ambitieux

Émile et Léa Cochand rêvaient de transformer leur modeste maison d’un étage en un hôtel de villégiature et un centre sportif unique en son genre. Toutefois, au début du développement, entretenir la propriété tout en accueillant des invités constituait l’un des défis majeurs du couple. Un feu devait être maintenu en permanence durant l’hiver et les sentiers devaient être aménagés. Malgré tout, grâce aux leçons de ski d’Émile et à la délicieuse cuisine de Léa, la nouvelle s’est répandue au sujet de l’offre d’hébergement de ski modeste et la clientèle a voulu en profiter! Même la crise économique lors de la Première Guerre mondiale n’est pas venue à bout des affaires florissantes du Chalet Cochand (initialement connu sous le nom de Chalet Sainte-Marguerite), et ce, en grande partie grâce au soutien du Montreal Ski Club.

La première station de ski dans les Rocheuses

Le Mont Norquay peut se vanter d’être à la fois la première station de ski et le premier domaine skiable alpin des Rocheuses. Il a été nommé en l’honneur du Premier Ministre du Manitoba, John Norquay, qui a conquis son sommet en 1887 (ou 1888). Alors que les skieurs avides ont toujours été attirés par la beauté de Banff, le ski alpin n’a vraiment pris son essor que dans les années 1920, particulièrement au Mont Norquay.

Photo du voyage de J. Ross Larway à Banff, Alberta, en 1937. Collection du TRSCM.

Le chalet de ski au Mont Norquay, Parc national de Banff, Alberta, dans les années 1930. Source : Glenbow Archives.

L’infrastructure essentielle

Le pionnier du ski, Gus Johnson, a sélectionné les pistes les mieux adaptées pour enseigner le ski aux enfants dans une zone dédiée à l’apprentissage. C’est ce qui deviendra éventuellement la station du Mont Norquay. Peu après, à la fin des années 1920, ses pistes ont été aménagées et son chalet de ski, construit.

« Pratiquement tout le monde a contribué au petit chalet de bois rond. Ce sont les premières années qui ont forgé la personnalité du Mont Norquay; c’était un développement local et communautaire. »

– Eddie Hunter, résident de Banff. Source : Louie, 2011, p. 28

Le premier club de ski entièrement féminin au Canada

Le Penguin Ski Club a été le tout premier club de ski de l’Université McGill créé par des femmes pour les femmes. Des amies de la promotion 1928 partageant l’amour du ski ont fondé ce groupe en 1932. Ce n’était pas seulement un club social. Très vite, ce dernier s’est axé sur la compétition. L’année suivante, les femmes ont commencé à suivre des leçons et à démontrer leurs habilités dans les Laurentides adoptant ainsi cette nouvelle discipline populaire qu’était le ski alpin.

Moins d’une décennie après sa création, on peut voir les membres du Penguin Ski Club sur les pistes du Mont Saint-Sauveur en 1941. Skiing History Journal.

La mission du club est « d’aider ses membres à profiter pleinement du ski et de faire progresser le niveau de compétence des femmes en matière de ski. »

– Betty Sherrard, fondatrice et première présidente. Source: Armstrong & Knowles, 2018.

Le fondateur de Tremblant, Joe Ryan (deuxième à partir de la gauche) en compagnie de John Fripp (dernier à gauche) et d’autres compagnons en 1947. Collection du TRSCM.

Le premier télésiège du Canada

Le premier télésiège du Canada, et le deuxième seulement dans toute l’Amérique du Nord, a été installé par le promoteur américain Joseph B. Ryan, au mont Tremblant, Québec. Ces installations de pointe ont été érigées à temps pour la saison 1938-1939. Le télésiège porte le nom du cheval de course préféré de Ryan, « Flying Mile ». Tremblant a entamé son processus de modernisation sous les insistances du célèbre animateur, acteur et écrivain américain Lowell Thomas, provoquant ainsi l’affluence de gens riches et célèbres, notamment les Kennedy et les Rockefeller, qui venaient visiter la nouvelle destination de ski.

« C’est sûrement la plus belle vue du monde. Il n’y a qu’un seul problème. C’est trop difficile monter au sommet. Je crois que je vais arranger ça! »

– Joe Ryan, en 1937. Source : Musée du ski canadien, « Joseph, ‘’Joe’’ Ryan ».

Mont Tremblant single chairlift
L’unique télésiège de Mont Tremblant vu de la base du Versant Sud. Source : Mont Tremblant Story, p. 51, John et Frankie O’Rear.

Plusieurs des premiers membres de Osler Bluff. Courtoisie photo du Osler Bluff Ski Club.

La première montagne de ski privée au Canada

Saviez-vous que le concept des clubs de ski privés vient de l’Ontario? L’enthousiasme suscité par les innovations de Tremblant à l’époque se traduisait par de longues files d’attente aux pieds des pistes. Pour remédier à cette frustration, deux jeunes couples ont décidé d’acheter leur propre domaine skiable en 1949. Pour la somme de 100 $, 30 personnes possédaient 50 acres de la magnifique et charmante chaîne de Blue Mountain. Bien que les installations et les infrastructures aient été rudimentaires au début, avec un premier télésiège alimenté par un moteur Chrysler, c’étaient les leurs.

« L’expérience d’un club de ski privé concerne autant la famille, la sécurité et la communauté que le ski et la planche à neige à proprement dits. »

– Tim Oliver, directeur général de Beaver Valley, un club de ski privé de l’Ontario. Source : Stephens, 2019.

Trois des membres fondateurs du Osler Bluff célébrant le 25e anniversaire du club. Osler Bluff Ski Club.

Bryan Scallion (deuxième à partir de la droite) avec l’équipe canadienne de biathlon de 1979, deux ans après qu’il eut fondé le Honey Pot Loppet. Courtoisie de la famille Scallion – photos de famille.

Le plus long loppet de la Nouvelle-Écosse

Bryan Scallion a créé le Honey Pot Loppet, un événement de ski de fond amusant, social et amical à Wentworth, Nouvelle-Écosse, en 1977. Typiquement connus comme une tradition typiquement scandinave, des loppets sont désormais organisés dans tout le pays pour apporter rire et lumière dans la pénombre de l’hiver.

Honey Pot Loppet hand-painted wooden medal and a pot of honey.
Honey Pot Loppet – Tous les participants reçoivent une médaille en bois peinte à la main et un pot de miel. Courtoisie de Honey Pot Loppet.

Un prix sucré

Bryan Scallion, entraîneur accompli et athlète national, a organisé le premier événement en 1977 afin de lever des fonds pour l’équipe provinciale de ski de fond. Pour Bryan, il n’y avait pas de prix plus doux que de récompenser les vainqueurs avec du miel provenant des ruches de sa propriété. C’est sa femme, Dianne Powell qui, à l’époque, s’est souvenue qu’il y avait plus de 200 personnes qui skiaient le Honeypot dans les premières années, et tous les inscrits passaient par leur cuisine. Le parcours d’origine était accessible depuis leur porte arrière. Cette activité a traversé les époques et perdure encore aujourd’hui !

 

Pour en savoir plus

Consultez ces photos incroyables qui illustrent l’histoire du Osler Bluff Ski Club sur leur site officiel.

La prochaine fois que vous visiterez la Nouvelle-Écosse, faites l’expérience du loppet.

Apprenez-en plus sur le Chalet Cochand dans Vallée Cochand, par Jacques Poulin, 4 juin 2019, Zone Ski.

HELP SUPPORT

c.1936. Quebec-Kandahar, skier wearing #9 taking off third pitch at top.