Anne Heggtveit

Gagnante de la première médaille d'or olympique canadienne en ski

Name: Anne Heggtveit
Affiliated Discipline(s): Ski alpin
Hometown: Ottawa, Ontario / Vermont, États-Unis
Active Career Period: 1948–1962
Induction CSHF: 1982
Induction Category: Ski alpin (slalom, slalom géant, descente)

En 1960, la jeune Anne Heggtveit a conquis le cœur de toute une nation en devenant la première Canadienne à remporter une médaille d’or olympique en ski.

Aux Jeux olympiques d’hiver de Squaw Valley, cette jeune adolescente native d’Ottawa, en Ontario, a franchi les portes du slalom à toute allure pour obtenir la plus grande marge de victoire jamais enregistrée dans une compétition olympique ou mondiale de slalom féminin : 3,3 secondes. Heggtveit a facilement battu la favorite américaine Betsy Snite (médaillée d’argent), et elle a terminé avec 7 secondes d’avance sur Barbi Henneberger, la dynamo européenne qui a dû se contenter de la médaille de bronze. Ce moment restera gravé à jamais dans la mémoire d’Anne Heggtveit.

Les vignettes suivantes sont tirées de l’article « Golden-Girl Anne Heggtveit », de la journaliste de ski Lori Knowles, dans le cadre du Projet canadien des écrivains de l’histoire du ski, financé par la Fondation Chawkers du Canada par le biais d’une subvention au Musée canadien du ski. Pour consulter l’article complet, veuillez cliquer ICI.

Making Canadian History

There’s a black-and-white image (see right) preserved in the Canadian Ski Museum of a pint-sized Anne Heggtveit — eight years old, laced leather boots, black cap, blond curls spilling over the collar of her woolen coat. Having just forerun the Ladies International downhill and slalom, she’s standing — still and quiet — at Lake Placid next to a robust Lucile Wheeler, a fellow Canuck. The year is 1947.

Search her winsome face and there is little in Heggtveit’s expression that offers anyone any idea this timid-looking little skier was poised to make Canadian ski history. There is nothing to suggest that 13 years later at the 1960 Olympic Winter Games in Squaw Valley, Heggtveit would become Canada’s first and only Olympic Gold medalist in slalom. And there’s certainly no clue this petite, unassuming young thing would thump her opponents. Perhaps that was — and is — Heggtveit’s secret to her life’s success: maintaining a quiet, bravado-free confidence.

Anne Heggtveit
Anne Heggtveit, vers 1947.

« Anne est délibérée et résolue; elle possède une détermination silencieuse. Mais c’est loin d’être une extravertie. »

– Nancy Greene Raine

Art Tommy (far right) and Anne Heggtveit (2nd from left)
Art Tommy (à l’extrême droite) et Anne Heggtveit (deuxième à partir de la gauche). Collection du TRSCM.

La genèse d’une championne

Anne Heggtveit nait en janvier 1939 de racines norvégiennes, britanniques et américaines. Sa mère canadienne, Doll Clark, est une descendante de Mary Osgood, l’une des sorcières de Salem. Son père, Halvor Heggtveit, arrive à Ottawa, en Ontario, depuis le Dakota du Nord, où sa famille a émigré après avoir transité par Ellis Island depuis la Norvège plusieurs années auparavant.

Ce n’est pas un hasard si Anne s’initie au ski dès l’âge de deux ans. Son père est champion canadien de ski de fond en 1934 et son oncle, Bud Clark, participe à la course nordique aux Jeux olympiques de 1936. Un autre oncle, Bruce Heggtveit, fabrique lui-même la première paire de skis d’Anne et l’attache à ses petits pieds avec des lanières de cuir. Sa mère aménage une pente pour qu’elle puisse skier dans la cour de leur maison de New Edinburgh, en banlieue d’Ottawa.

La première victoire d’Anne est survenue rapidement

Dès son plus jeune âge, Halvor assure à Anne qu’elle pourrait être la première médaillée d’or olympique en ski du Canada. « Il ne m’a pas forcée à le faire », dit-elle aujourd’hui. « Il m’a plutôt incitée à le faire. Il m’a dit que les Olympiques étaient à ma portée. »

Sa première GRANDE victoire remonte à 1947, à l’âge de sept ans, dans le slalom et le combiné seniors féminins à Wakefield, au Québec… vous avez bien lu : seniors. Elle atteint l’âge mûr de huit ans quelques jours plus tard et est invitée à accompagner sa compatriote Lucile Wheeler, de quatre ans son aînée, à Lake Placid afin d’être ouvreuse de piste aux compétitions internationales de descente et de slalom féminin. Dès lors, la domination d’Anne s’accentue : une deuxième place aux Championnats du centre du Canada de 1948, suivie d’une première place au Championnat junior féminin de slalom et de combiné de 1949. À l’âge de 12 ans, elle s’était déjà classée sixième en descente, cinquième en slalom et sixième au combiné aux Championnats nationaux des États-Unis. Heggtveit, qui skie pour le Ottawa Ski Club, a même reçu une voiture en guise de récompense pour avoir remporté l’une de ses courses. Mais elle était trop jeune pour la conduire. « À ce jour », dit-elle, « je n’ai aucune idée de ce qui est arrivé à ce véhicule! »

Anne Heggtveit, vers 1947. Collection du TRSCM.

1954 Canadian Alpine ski team
L’équipe canadienne de ski de 1954 lors des Championnats du monde FIS à Are, en Suède [de gauche à droite] : Pepi Salvenmoser (entraîneur), Peter Kirby, Lucile Wheeler, Ernie McCullogh, Anne Heggtveit, Pat Ramage (gérant), Bill Stevens et Art Tommy. Photo : Gillsater R. Portage.

En route vers l’Europe

En 1954, Anne Heggtveit est en route vers l’Europe avec pour partenaire de voyage sa compatriote Lucile Wheeler pour participer à des compétitions de ski. Habituée du circuit de ski européen, Wheeler avait déjà engagé un entraîneur de ski autrichien, Pepi Salvenmoser. À cette époque, l’équipe nationale de ski ne dispose d’aucun soutien.

Avec l’aide de Pepi, Heggtveit obtient en 1954 plusieurs places dans le top 10 en Suède et en Allemagne. Les Européens et les Scandinaves commencent vraiment à s’énerver après la victoire d’Anne au redoutable slalom géant de Holmenkollen, en Norvège, en 1954.

Le choc de 1956 à Cortina

Comme tous bons récits dans l’histoire du sport, tout ne se déroule pas sans heurts pour la discrète et déterminée Anne Heggtveit. À l’approche des Jeux olympiques de 1956, alors qu’elle s’entraîne dans les Laurentides sous l’œil de la légende du Mont-Tremblant, Ernie McCulloch, Heggtveit subit une fracture en spirale de la jambe gauche. Hospitalisée à Ottawa pendant 12 semaines et affligée d’un plâtre pendant sept mois, elle souffre également de lésions nerveuses. Pire encore, la blessure l’achève presque sur le plan psychologique. « J’ai commencé à avoir peur », dit-elle simplement. « J’avais peur que ça se reproduise. »

Malgré ses hésitations, sa douleur et son absence aux essais olympiques, Heggtveit est quand même sélectionnée dans l’équipe olympique canadienne de 1956, en raison de ses performances préalables. Lucile Wheeler y remporte une médaille de bronze, et c’est cet exploit qui convainc Anne de se remettre sur ses skis. « J’ai alors su que si j’arrivais à retrouver le niveau où j’étais rendue avant ma blessure, tant physiquement que psychologiquement, je pourrais moi aussi y arriver! », de partager Heggtveit.

[L to R]: Anne Heggtveit, unidentified member of press, Lucile Wheeler, Pat Ramage.
[De gauche à droite] : Anne Heggtveit, membre non identifié de la presse, Lucile Wheeler, Pat Ramage. Alpine Canada Alpin.

Album d’Anne Heggtveit (2002.01.4). Collection du TRSCM.

Une victoire historique en Allemagne

Et elle y parviendra. En 1959, Heggtveit brûle à nouveau les circuits d’Amérique du Nord et d’Europe. Elle se classe première en slalom, quatrième en descente et première au combiné à Saint-Moritz, en Suisse. Elle domine la descente et le slalom aux Championnats nationaux canadiens de 1959 au mont Orford, au Québec, puis elle remporte la descente et le slalom au prestigieux Québec-Kandahar à Tremblant.

Mieux encore, cette même année, Heggtveit ébranle le monde du ski européen en devenant la première nord-américaine à remporter le combiné de l’Arlberg-Kandahar à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne – une victoire historique dont elle n’a aucun souvenir. Son ami et collègue de course canadien, John Semmelink, est mort sur le parcours le même jour à Garmisch dans un terrible accident. « J’étais dévastée », dit Heggtveit. « Je ne me souviens pas de grand-chose d’autre à propos de cette victoire. »

L’or à Squaw Valley en 1960

Suite à la pause estivale de 1959, l’équipe olympique canadienne débarque à Squaw Valley à l’hiver 1960. Heggtveit gravit le parcours tôt le jour de la course, une inspection éreintante, mais qui s’avérera payante. Son ahurissante avance de 3,3 secondes sur la médaillée d’argent Betsy Snite (États-Unis) et de sept secondes sur la médaillée de bronze Barbi Henneberger, la meilleure européenne, fait accourir la foule dans l’aire d’arrivée.

Elle répond aux questions post-olympiques de Bing Crosby à la télévision, se fait interviewer par Walter Cronkite et sourit poliment au Ed Sullivan Show. Elle prend alors sa retraite, mariée à Ross Hamilton et devient une vedette, sillonnant le pays comme mannequin pour Dupont Canada – an adored Canadian sweetheart.

Anne Heggtveit dévalant la piste lors de sa descente pour la médaille d’or à Squaw Valley. Collection du TRSCM.

Le journal du Ottawa Ski Club. Collection du TRSCM.

Prix et distinctions

Le Canada a su bien souligner les exploits d’Anne en matière de ski. Elle a remporté le Trophée Lou Marsh, décerné chaque année au meilleur athlète canadien, homme ou femme, amateur ou professionnel. Elle a été intronisée au Temple de la renommée du ski canadien en 1982 et est membre de l’Ordre du Canada.

Anne Heggtveit a réalisé cet exploit sans grande équipe nationale, sans le soutien du gouvernement et sans prétention…

C’était assurément tout un exploit.

Anne Heggtveit - Her life story

Contribuez