12 pionnières des sports de neige au Canada

Une exposition virtuelle

Name: Sarah Burke, Maëlle Ricker, Ashleigh McIvor, Lucille Wheeler, Maxime, Chloé & Justine Dufour-Lapointe, Holly Blefgen, Lauren Woolstencroft, Sharon & Shirley Firth, Taylor Henrich
Affiliated Discipline(s): Ski alpin, Ski acrobatique, Ski de fond, Planche à neige, Ski cross, Saut à ski, Télémark

Des études démontrent que « 80 % des décisions d’achat dans un foyer sont prises par les femmes, toutes origines confondues ». Et que, « si la mère est convaincue que le ski et la planche à neige sont des activités familiales bénéfiques, il y a de fortes chances que toute la famille s’y mette ».

Les 12 femmes dont il est question dans ce reportage sont de véritables pionnières qui, grâce à leur courage et leur détermination, et malgré les épreuves et les revers, ont transformé le paysage des sports de neige au Canada et continuent d’inspirer la relève à suivre leurs traces.

Ce reportage a été documenté et rédigé par Dave Fonda, chroniqueur de ski, pour le Temple de la renommée du ski canadien et Musée. NOTE : En limitant notre liste à 12 pionnières réparties dans neuf disciplines de sports de glisse, nous avons dû exclure un grand nombre de personnalités tout aussi exceptionnelles. Pour en savoir plus sur elles, consultez la liste des membres du Temple de la renommée du ski canadien.

1. Sarah Burke

Figure marquante du ski au 21e siècle

Plus grande que nature. Pionnière. Leader. Activiste et philanthrope. Visionnaire. Légende féminine du sport d’action. De toutes les louanges accordées à Sarah Burke, aucune n’égale celle exprimée par son mari Rory Bushfield : « Toute femme qui pratique le ski acrobatique est redevable à Sarah. »

Née de parents skieurs à Barrie, en Ontario, le 3 septembre 1982, Sarah Jean Burke a fait ses débuts sur les pentes à l’âge de cinq ans. Bien qu’elle ait réussi à se qualifier au sein de l’équipe de ski acrobatique de l’Ontario à l’âge de 15 ans dans la discipline des bosses, sa véritable passion était la demi-lune, dont elle a cofondé l’équipe nationale en 1997. Elle est la première femme à avoir réalisé un 720, un 900 et un 1020 en compétition, ce qui lui a permis de triompher aux championnats du monde 2009, avant de remporter l’or à quatre reprises aux Winter X Games et une fois aux Winter X Games Europe. Et ce n’était qu’un début pour Sarah.

Militante passionnée, Sarah s’est battue pour que les athlètes masculins et féminins des X Games soient traités sur un pied d’égalité et remportent des prix en argent d’une même valeur, et pour que le slopestyle féminin devienne une épreuve olympique officielle.

Elle était une fervente activiste de sa communauté, partageant son temps entre l’entraînement, le mentorat et les levées de fonds au profit du sport qu’elle adorait. Le 12 janvier 2012, alors qu’elle s’entraînait pour les Jeux olympiques d’hiver de Salt Lake City, Sarah Burke est décédée des suites de blessures subies lors d’un accident de ski, semant la consternation au sein de la communauté du ski. Mais son histoire, sa passion et sa force resteront à jamais gravées dans la mémoire de ceux qui l’ont connue.

En mémoire de Sarah Burke

CBC

2. Maëlle Ricker

L’athlète de la renaissance canadienne

Est-il possible d’exceller dans sept sports différents et de participer à des épreuves nationales d’athlétisme et de football, ainsi qu’à des Coupes du monde et à des Jeux olympiques en snowboard cross et demi-lune? Si vous posez la question à Maëlle Ricker, elle vous répondra : oui, bien sûr.

Originaire de North Vancouver, Maëlle Ricker était une sportive exceptionnelle à l’adolescence. Non seulement excellait-elle en athlétisme, mais elle était également capitaine de ses équipes de basket-ball et de soccer au secondaire et une gardienne de but étoile en hockey sur gazon. Quatre ans après avoir été initiée au snowboard par son frère aîné Jörli, Maëlle a participé à sa première Coupe du monde de demi-lune et de snowboard cross. Au cours de sa carrière, elle a remporté 14 Coupes du monde et Championnats du monde, ainsi que deux médailles d’or et deux de bronze aux X Games. Maëlle a ouvert le bal de l’incroyable récolte de médailles olympiques du Canada aux Jeux de Vancouver en 2010, en remportant l’or en snowboard cross, devenant ainsi la première Canadienne à remporter l’or olympique à domicile. Cette athlète de la renaissance canadienne est aujourd’hui ambassadrice de KidSports, où elle sensibilise et motive les jeunes à faire du sport.

3. Sharon Firth / 4. Shirley Firth

Sharon and Shirley Firth.

Les jumelles vedettes du ski de fond

Nées à 10 minutes d’intervalle le 31 décembre 1953 à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, Shirley (l’aînée) et Sharon (la cadette) Firth ont formé le duo le plus dynamique du monde du ski de fond canadien. Elles ont fait leurs débuts à Inuvik, en 1967, dans le cadre du TEST (Territorial Experimental Training Program) instauré par le père Jean-Marie Mouchet pour « motiver les jeunes autochtones, développer leurs compétences en leadership, les aider à s’intégrer à la société canadienne et promouvoir le sport amateur ».

En skiant l’hiver dans l’obscurité totale et à des températures sous les 40° Celsius et en courant l’été dans la toundra infestée d’insectes, les jumelles ont acquis la détermination, l’endurance, la force morale et la persévérance nécessaires pour dominer le ski de fond féminin au Canada. De 1968 à 1985, les sœurs Firth ont remporté 79 médailles lors de championnats nationaux, soit 37 pour Sharon et 42 pour Shirley. Premières femmes autochtones à concourir sur la scène internationale en ski de fond, les jumelles ont représenté le Canada lors de quatre Championnats du monde et autant de Jeux olympiques d’hiver, un record uniquement égalé par le patineur de vitesse québécois Gaëtan Boucher.

En 1985, les sœurs Firth ont mis un terme à la compétition officielle, mais pas à leur implication dans le sport. Sharon est rentrée à Inuvik dans le but de relancer le programme TEST. Elle travaille aujourd’hui pour l’Institut de recherche sur la santé circumpolaire, où elle se consacre au développement de programmes et de services qui favorisent la conscience de soi, la santé et un mode de vie actif chez les jeunes autochtones. Elle enseigne et pratique le ski de fond.

De son côté, Shirley s’est installée en France, où elle a obtenu un certificat d’enseignement à l’Université de Paris. Après avoir passé des décennies à sillonner la Scandinavie et l’Europe centrale, à visiter des universités et des centres culturels et à donner des conférences sur les cultures dénées et inuites, elle est revenue dans les Territoires du Nord-Ouest en 2005 avec son mari Jan Larsson. Au moment de son décès des suites d’un cancer, Shirley occupait le poste d’adjointe de direction du président de l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest.

« Ce fut un honneur et un privilège de fièrement représenter le Canada et les Premières Nations partout dans le monde. »

– Sharon Firth, 2015

5. Lucile Wheeler

Lucile Wheeler and Pat Ramage (right) at 1958 World Championships
Lucile Wheeler et Pat Ramage (à droite) aux Championnats du monde de 1958. Photo Henni Angerer.

La reine de la vitesse par excellence au Canada

Lucile Wheeler a dévalé ses premières pistes au légendaire Gray Rocks Inn familial, situé près de Saint-Jovite, au Québec, à l’âge de deux ans. Dix ans plus tard, elle devenait championne canadienne junior de descente et de combiné.

En 1956, Lucile est devenue la première skieuse nord-américaine à remporter une médaille olympique en arrachant le bronze dans la descente féminine à Cortina d’Ampezzo, en Italie. L’année suivante, elle s’est hissée parmi les trois meilleures skieuses du monde au classement de la FIS après ses triomphes en descente et en combiné à Kitzbühel, en Autriche. Puis, en 1958, dans un exploit historique pour une coureuse de ski canadienne, elle a récolté quatre médailles aux Championnats du monde (deux d’or, une d’argent et une de bronze) à Bad Gastein, en Allemagne.

Lucile s’est retirée de la compétition en 1959 pour se consacrer à la réalisation de vidéos pédagogiques sur le ski. Elle s’est alors installée dans les Cantons de l’Est, au Québec, avec sa famille, où elle a lancé avec son mari un programme destiné à rendre l’apprentissage du ski abordable et accessible pour de nombreux élèves de la région. Intronisée aux temples de la renommée du ski canadien et américain, Lucile Wheeler a été porte-drapeau lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de 1988 à Calgary.

6. Ashleigh McIvor

Crédit photo : Greg Kolz

Suivre sa passion. Atteindre l’excellence.

Championne olympique et de la Coupe du monde. Mannequin. Présentatrice de télévision. Conférencière. Mentor. Mécène. Oui, c’est possible d’accomplir tout ce que l’on veut, si on y met tout son cœur et son âme. Il suffit de demander à Ashleigh McIvor.

Née à Vancouver le 15 septembre 1983, Ashleigh a fait ses débuts en compétition à l’âge de 10 ans. Lasse de se battre uniquement contre le chrono, elle a trouvé son bonheur dans la course contre d’autres skieurs sur le très difficile et tout nouveau circuit de ski cross. Malgré des blessures répétées, la rigueur et le dynamisme d’Ashleigh lui ont permis d’atteindre les plus hautes sphères de la compétition féminine de ski cross en coupe du monde et aux X Games. Elle a d’abord gagné son premier championnat du monde en 2009, avant de remporter la première médaille d’or olympique décernée dans cette épreuve aux Jeux d’hiver de 2010 à Vancouver. À sa retraite de la course en 2012, elle avait amassé 58 médailles en Coupe du monde, dont quatre titres de championne du monde, et bien plus encore. Sacrée athlète féminine de l’année au Canada à deux reprises, Ashleigh est entrée au Panthéon des sports canadiens en 2015. Cofondatrice de B210, elle inspire aujourd’hui les autres à se dépasser par le biais de son travail en tant que présentatrice de télévision, mentor et conférencière.

7. Maxime Dufour-Lapointe / 8. Chloé Dufour-Lapointe / 9. Justine Dufour-Lapointe

Le talentueux triplé

Apprendre à naviguer dans l’espace restreint d’un petit bateau a inculqué aux jeunes Maxime, Chloé et Justine Dufour-Lapointe la nécessité de passer outre leurs désaccords et de coopérer pour ne former qu’une seule et même équipe, solidaire et épanouie. Cette expérience leur a permis d’atteindre les sommets olympiques lorsqu’elles ont troqué les flots pour les bosses enneigées.

À leur troisième anniversaire respectif, leurs parents – Johane Dufour et Yves Lapointe – les ont initiées au ski sur les pentes de la station Mont-Blanc, au Québec. Maxime, l’aînée, a été la première à se lancer dans la compétition de bosses en s’inscrivant à une épreuve où elle allait encourager une amie, simplement parce qu’elle adorait les sauts. La jeune fille de 10 ans était si douée qu’elle a fini par se tailler une place dans l’équipe nationale féminine de ski acrobatique. En 2009, Maxime est passée à l’histoire en devenant l’une des premières femmes à réussir un saut périlleux arrière avec une vrille complète en compétition.

Voir Maxime s’amuser, voyager partout dans le monde et se faire de nouveaux amis tout en pratiquant le ski de bosses a fait naître une flamme aux proportions olympiques dans le cœur de Chloé et de Justine. Chloé, la seconde du groupe, avait 15 ans lorsqu’elle a entamé sa carrière internationale en ski de bosses. Elle a été la première skieuse acrobatique canadienne à participer à quatre Jeux olympiques d’hiver (Vancouver 2010, Sotchi 2014, Pyeong Chang 2018 et Pékin 2022). Elle conclura sa carrière avec une médaille d’argent olympique (Sotchi 2014), une médaille d’or et une d’argent aux Championnats du monde de bosses en parallèle, et quatre podiums en Coupe du monde.

Malgré des débuts difficiles où ses sœurs devaient la soudoyer avec du chocolat pour qu’elle accepte de descendre une autre piste de bosses, Justine, la plus jeune, a connu la plus illustre carrière olympique et de Coupe du monde de la famille Dufour-Lapointe. À 16 ans, elle est devenue la plus jeune skieuse à remporter une épreuve de Coupe du monde FIS et à 19 ans, elle est devenue la plus jeune skieuse acrobatique à remporter l’or olympique. Au moment de ranger ses skis en 2022, Justine avait remporté des médailles d’or et d’argent aux Jeux olympiques, des médailles d’or, d’argent et de bronze aux Championnats du monde, ainsi qu’un total de 16 médailles en Coupe du monde.

Ce qui distingue toutefois le plus les sœurs Lapointe-Dufour, c’est qu’elles ont accompli tout cela en gardant le même plaisir à skier ensemble. Les trois sœurs se sont qualifiées pour les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014 où Justine et Chloé ont remporté respectivement l’or et l’argent sous les encouragements de Maxime. Mais le plus beau moment de leur carrière a sans doute eu lieu en 2016, lorsqu’elles ont monopolisé le podium en remportant l’or, l’argent et le bronze lors d’une épreuve de la Coupe du monde FIS de ski de bosses à Val Saint-Côme, au Québec. C’est ce qu’on appelle la force de la sororité!

« Mes sœurs sont là pour me soutenir, pour m’aider. Nous sommes plus fortes ensemble que séparément. C’est cette solidarité qui nous fait avancer toutes les trois, dans le sport comme dans la vie. »

– Justine Dufour-Lapointe

10. Lauren Woolstencroft

Lauren Woolstencroft

Une étoile à suivre

La skieuse paralympique la plus décorée au pays, Lauren Woolstencroft, est née sans jambes sous les genoux et sans bras gauche sous le coude. L’athlète douée et déterminée ne s’est jamais considérée comme une personne handicapée. N’ayant aucun modèle de qui elle pouvait suivre les traces, elle en est devenue un elle-même.

Née le 24 novembre 1981, Lauren a été initiée au ski par sa famille à Whitefish, dans le Montana, à l’âge de quatre ans. Elle s’est jointe à l’équipe albertaine de ski pour personnes handicapées à 14 ans et a participé à sa première Coupe du monde deux ans plus tard. À 18 ans, elle a intégré les rangs de l’équipe canadienne de ski para-alpin avec laquelle elle a remporté trois médailles d’or et une de bronze aux Jeux paralympiques d’hiver de 2002 et 2006. Lauren a également été nommée athlète de l’année du Comité international paralympique en 2006. Et ce n’était qu’un début.

Lors des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, Lauren a ajouté à sa collection cinq médailles d’or, dans cinq épreuves, et a fièrement porté le drapeau canadien lors des cérémonies de clôture. Elle s’est retirée de la compétition cette même année après avoir récolté un total de 50 médailles en Coupe du monde, huit médailles aux Championnats du monde et 10 médailles paralympiques. Inspirant, n’est-ce pas?

« Ce qui m’a le plus touché, ce sont les histoires de tous ceux qui m’ont contacté pour me faire part de leur propre expérience en tant que personne handicapée ou parent d’enfant handicapé ou encore d’un défi qu’ils ont eu à relever dans leur vie. Ces témoignages étaient tout simplement extraordinaires. »

– Jim Morris, CBC Sports (13 mars 2020).

11. Taylor Henrich

Courtoisie du Comité olympique canadien

Pour l’avancement du saut à ski féminin

Parmi les nombreuses disciplines proposées par le ski nordique, aucune ne suscite autant de terreur et de fascination que le saut à ski. Qui peut bien être assez cinglé pour dévaler une pente abrupte, glacée et jonchée d’ornières, s’élancer à plus de 90 mètres dans les airs et tenter d’effectuer un atterrissage parfait en télémark? La réponse : Taylor Henrich.

Née à Calgary le 1er novembre 1995, dans une famille férue de sport, Taylor a grandi en pratiquant la course à pied, la natation, le cyclisme, la lutte et le karaté. À l’été de ses 14 ans, Taylor a découvert le saut à ski au Parc olympique du Canada; un véritable coup de foudre. En 2012, elle est devenue la première femme à participer à une épreuve de saut à ski reconnue par le CIO. Taylor a terminé cinquième aux Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver d’Innsbruck 2012 et a contribué à la récolte du bronze par le Canada dans l’épreuve par équipe mixte. Elle a participé à deux reprises aux Jeux olympiques, à Sotchi (2014) et à Pyeong Chang (2018). En tant que figure de proue de son sport au Canada, elle a contribué à obtenir un soutien financier essentiel pour Saut à ski Canada. Aujourd’hui, Taylor Henrich fait carrière en tant qu’entraîneuse, cascadeuse et skieuse professionnelle. On peut la voir dans des films, à la télévision et dans des jeux vidéo, toujours à la conquête de nouveaux horizons.

12. Holly Blefgen

Pour l’amour du télémark

Pour les skieurs de tout l’escarpement du Niagara, Holly Blefgen est la femme qui leur a fait renouer avec le plaisir du ski. À l’âge de huit ans, Holly est tombée sous le charme de la neige et des activités de plein air en apprenant à skier par elle-même sur le terrain de golf situé derrière la maison de ses parents à Toronto. Skieuse de fond et alpine téméraire, Holly a découvert la noblesse sans pareille du télémark lors d’un voyage de ski hors-piste avec des amis à Banff. Séduite, elle a repris ses études de kinésiologie à l’Université de Guelph avant que ne frappe le destin.

Pendant qu’elle était sur les pentes à donner un cours de ski alpin, un élève en perte de contrôle l’a percutée, lui déchirant le ligament latéral interne. Par chance, Holly a découvert que le télémark était le meilleur moyen de soigner son genou. Avec son partenaire, Steve Kahn, elle s’est donc investie dans ce sport. Après avoir reçu quelques conseils et un équipement adéquat de la part de la légende américaine du télémark, Dickie Hall, à Mad River Glen, au Vermont, et obtenu sa certification CANSI, Holly a fondé Ski Telemark en 1984. Depuis lors, son école de ski mobile sillonne le sud de l’Ontario et du Québec, faisant goûter à ceux qui le veulent bien les plaisirs du télémark. Comme elle le dit si bien : « le ski c’est la vie ».

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