Équipe olympique canadienne 1948. Collection TRSCM.

Les moments marquants pour le Canada aux Jeux olympiques d’hiver

PARTIE 1 - 1924 à 1956

Les premiers Jeux olympiques d’hiver ont eu lieu à Chamonix, dans les Alpes françaises, en 1924. Les six sports originalement présentés étaient le saut à ski, le bobsleigh, le curling, le hockey sur glace, le ski et le patinage. Aujourd’hui, les Jeux olympiques d’hiver sont devenus un événement international majeur et multidisciplinaire ayant lieu tous les quatre ans. Les Jeux olympiques d’hiver modernes présentent désormais 15 sports différents, notamment le surf des neiges, le biathlon et la luge, et plus de 100 épreuves.

Transportons-nous dans le passé et remémorons-nous les faits marquants pour le Canada à chacun des Jeux olympiques d’hiver tenus depuis 1924, jusqu’aux Jeux de 2022 qui ont actuellement lieu à Pékin, en Chine.

1924 : Chamonix, France | 25 janvier au 4 février

Initialement baptisées « Semaine des sports d’hiver » par le Comité olympique français, ces compétitions de sports hivernaux sont tenues la même année que les Jeux d’été dans cette petite ville de Haute-Savoie. L’événement connait un grand succès, avec 10 000 spectateurs payants. Au total, 16 nations, représentées par 258 athlètes (11 femmes, 247 hommes), s’affrontent dans 16 épreuves, dont quatre de ski : ski de fond (18 km, 50 km), saut à ski, combiné nordique (ski de fond et saut) et patrouille militaire. Le Canada y est représenté par un patineur de vitesse, deux patineurs artistiques et neuf joueurs de hockey qui y ont remporté la seule médaille canadienne des Jeux, l’or.

Fait intéressant : La station n’avait reçu aucune neige jusqu’au 23 décembre 1923, mais une imposante chute de neige de 110 centimètres a recouvert la région dans les jours précédant les cérémonies d’ouverture, forçant les organisateurs et les habitants de la ville à pelleter sans relâche jusqu’à ce que le gel s’installe la veille des Jeux.

Photo [de gauche à droite] : W.B. Thompson, Merritt Putnam, Sepp Muehlbauer (champion suisse), H.P. Douglas (gérant), Gérald Dupuis – CSM# P2003.4.57

1928 : Saint-Moritz, Suisse | 11 au 19 février

Les skieurs canadiens sont autorisés à participer pour la première fois aux Jeux olympiques d’hiver, résultat d’une décision conjointe de l’Association canadienne de ski amateur (ACSA) et du Comité canadien des Jeux olympiques. La spectaculaire épreuve de saut à ski et les redoutables tronçons de descentes des courses de ski de fond figurent parmi les attraits les plus populaires.

Fait intéressant : Parce qu’elle arrive en retard, l’équipe canadienne est immédiatement désavantagée. On conseille aux membres de l’équipe de ne pas commencer l’entraînement immédiatement en raison de « …l’effet d’assommoir particulier de la haute altitude » (H.P. Douglas, Canadian Ski Annual 1927-1928). De nombreuses autres équipes s’entraînent en Suisse depuis un mois et sont déjà bien acclimatées. De plus, les Canadiens ne sont pas familiers avec les nuances de la technique des Européens, qui sont capables de réduire leur vitesse dans les descentes les plus raides en utilisant leurs bâtons comme freins, en les faisant traîner derrière eux dans la neige.

1932 : Lake Placid, New York – 4 au 15 février

La petite ville de Lake Placid accueille les troisièmes Jeux olympiques d’hiver, inaugurés par Franklin D. Roosevelt, alors gouverneur de l’État de New York. La lutte du monde industrialisé en lien avec la Grande Dépression en fait une période particulièrement difficile. Néanmoins, malgré les limites imposées par les contraintes financières, la participation enthousiaste de 17 nations fait de ces Jeux un franc succès. Le président de l’Association canadienne de ski amateur (ACSA), Allan C. Snowdon, avait fortement incité tous les clubs de ski à mettre en place des programmes visant à former des skieurs de calibre international avant la tenue des Jeux.

Fait intéressant : Contrairement aux Jeux olympiques d’hiver précédents, le CCO, influencé par le Toronto Ski Club, s’assure que l’équipe a suffisamment de temps pour s’acclimater à son nouvel environnement. La société Lucerne-in-Quebec prend les dispositions nécessaires pour accueillir les Canadiens pour une période d’entraînement de deux semaines, ce qui leur permet de maîtriser de nouvelles techniques pour améliorer leurs performances. Malheureusement, en raison d’un financement limité, seuls 15 des 23 skieurs canadiens s’étant qualifiés sont envoyés à Lake Placid.

Photo : L’équipe canadienne de ski olympique de 1932 au Lake Placid Club Course [de gauche à droite] : Sigurd Lockeberg (directeur), Louis Grimes (entraîneur), Jostein Nordmoe, Arthur Gravel, Kaare Engstad, John Currie, William ‘Bud’ Clark, Arnold Stone, Robert Lymburne, Howard Bagguley, David Douglas, John Taylor, Ross Wilson, Jacques Landry, Leslie Gagne. [Absents] : Harry Pangman, Walter Ryan – CSM# 79.9.1

 

Photo : Équipe olympique canadienne de ski masculine de 1936 [de gauche à droite] : Harry Pangman (directeur), Tormod Mobraaten, William ‘Bud’ Clark, William ‘Bill’ Ball, Norman Gagné, Karl Johan Baadsvick – CSM# 71.7.6 Photo B. Johannes (Beckert) Garmisch-Partenkirchen

1936 : Garmisch-Partenkirchen, Allemagne | 6 au 16 février

Les villes jumelles de Garmisch et Partenkirchen, en Bavière, en Allemagne, sont hôtesses des quatrièmes Jeux olympiques d’hiver. Malgré une forte tempête de neige, le Führer de l’Allemagne, Adolph Hitler, préside la cérémonie d’ouverture au stade olympique. Les épreuves alpines s’amorcent au milieu d’une altercation entre le Comité international olympique (CIO) et la Fédération internationale de ski (FIS). Le CIO statue que les instructeurs de ski sont considérés comme des professionnels et ne sont pas autorisés à concourir, ce qui entraîne le boycottage des Jeux par les skieurs suisses et autrichiens.

Fait intéressant : En raison de contraintes budgétaires et de temps, l’association canadienne ne mène pas une recherche équitable à l’échelle nationale pour la sélection de skieuses qualifiées pour représenter le pays. Elle découvre plutôt l’existence de quatre Canadiennes vivant en Europe ayant de l’expérience en ski de compétition dans les Alpes, et les invite à représenter l’équipe féminine de ski. L’équipe féminine skie avec détermination et ténacité. En raison de sa maîtrise de la langue allemande aux accents viennois, de son monocle inhabituel et de son grand sens de l’humour, Mme Gordon-Lennox gagne sans équivoque le cœur de la foule de plus de 30,000 personnes.

1948 : Saint-Moritz, Suisse | 30 janvier au 8 février

Épargnée des ravages de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Saint-Moritz, dans la Suisse neutre, est choisie pour accueillir les cinquièmes Jeux olympiques d’hiver. Les douloureux souvenirs de la guerre n’étant pas encore estompés, il va de soi que l’Allemagne et le Japon sont exclus de la compétition. Grâce à la qualité des sites de compétition et l’enthousiasme des athlètes et des spectateurs, les Jeux d’hiver suscitent un regain d’intérêt après une interruption de 12 ans.

Fait intéressant : L’équipe canadienne de ski alpin connait une grande déception avant même le début des Jeux. En effet, les sœurs jumelles Rhoda Wurtele et Rhona Wurtele ne sont pas autorisées à participer aux courses préolympiques par crainte de blessures. Malheureusement, Rhoda se blesse lors d’une course d’entraînement et ne peut pas participer aux compétitions olympiques, tandis que Rhona subit un traumatisme crânien, mais a pu revenir à temps pour participer aux épreuves alpines. Bill Irwin, quant à lui, participe à un total de six épreuves de ski, ce qui est remarquable, étant donné qu’il avait passé deux semaines à l’hôpital avant les Jeux olympiques, après qu’un pont de neige se soit effondré sur lui pendant une descente d’entraînement.

Membres de l’équipe olympique de ski du Canada aux Jeux olympiques d’hiver de Saint-Moritz en 1948 [de gauche à droite] : Pierre Jalbert, Hector Sutherland, Rhoda Wurtele, Rhona Wurtele, Harvey Clifford, Wilber ’Bill’ Irwin, Albert ‘Bert’ Irwin. Alpine Canada Alpin.

Équipe canadienne olympique de ski alpin féminin de 1952 [de gauche à droite] : Rosemary Schutz, Rhoda Wurtele, Franz Gabl (entraîneur), Joanne Hewson, Lucile Wheeler. Canadien Pacifique / B-2401-15.

1952 : Oslo, Norvège | 14 au 25 février

Les sixièmes Jeux olympiques d’hiver sont attribués à un pays scandinave, considéré comme le berceau du ski. Un certain scepticisme se manifeste au départ quant à la capacité de la Norvège à accueillir un événement de cette ampleur. Cependant, le doute s’est rapidement dissipé; l’organisation et les sites sont irréprochables et les Jeux s’avèrent un immense succès. En novembre 1951, l’équipe olympique canadienne de ski est officiellement nommée : les skieurs alpins Bob Richardson, Jack Griffin, André Bertrand, Gordie Morrison, Joanne Hewson, Rhoda Wurtele, Rosemarie Schutz, Lucile Wheeler, les skieurs de fond Claude Richer et Jacques Carbonneau, et les sauteurs à ski Jacques Charland and Lucien Laferté.

Fait intéressant : Réputé pour son style flamboyant, Lucien ‘Cowboy’ Laferté fait sensation auprès de l’immense foule de 150 000 personnes (ce qui représente 20 % de la population de la Norvège à l’époque) réunie pour assister à la compétition spéciale de saut. À la fin de son saut, qui s’est soldé par une chute et la perte de ses deux skis, Laferté se relève froidement, sourit et salue excessivement chaque section de la foule. Les skieurs canadiens se classent bien mieux qu’aux Jeux de 1948, terminant beaucoup plus près du temps des gagnants, en grande partie grâce aux compétences des entraîneurs Harvey Clifford et Franz Gabl.

1956 : Cortina d’Ampezzo, Italie | 26 janvier au 5 février

La Seconde Guerre mondiale prive Cortina d’Ampezzo de sa première occasion d’accueillir les Jeux olympiques d’hiver en 1944; douze années s’écouleront avant qu’elle ne soit à nouveau sélectionnée. Entraînée sous la direction du légendaire Ernie McCulloch au mont Tremblant, au Québec, l’équipe alpine masculine est représentée par les frères Andy Bertrand et Art Tommy, accompagnés de l’entraîneur Franz Gabl. L’équipe féminine, dirigée par Pepi Salvenmoser, se compose d’Anne Heggtveit, Carlyn Kruger, Lucile Wheeler et Ginette ‘Gigi’ Séguin.

Avec une médaille de bronze en descente, Lucile Wheeler devient la coqueluche du Canada en étant la première skieuse canadienne à remporter une médaille olympique. Sans doute stimulée par la performance de Lucile, l’équipe féminine obtient des résultats exceptionnels, dépassant les performances des Jeux précédents.

Fait intéressant : Comme aux Jeux olympiques d’hiver précédents, des membres des équipes de ski alpin et de ski de fond se blessent à l’entraînement. Franz Gabl est hospitalisé à Cortina après s’être blessé à la cheville et avoir subi une commotion cérébrale, et il est remplacé par Walter Clausing. Andy Tommy subit une fracture spiroïde à la jambe droite, tandis que son frère Art Tommy se déchire les ligaments du genou droit, mettant ainsi fin à leurs rêves olympiques. Gigi Séguin souffre de plusieurs blessures, notamment d’une déchirure des ligaments de la cheville qui nécessite un traitement continu, mais elle persiste courageusement malgré la douleur durant la compétition olympique, tout comme le sauteur à ski Jacques Charland qui limite ses distances en raison d’une entorse à la cheville.

 

Lucile Wheeler a gagné une médaille de bronze aux Jeux olympiques d’hiver de 1956, la première médaille olympique de ski remportée par un membre de l’équipe canadienne.

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