Falcon Ridge rappelle l’adage de Mark Twain selon lequel « il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les maudits mensonges et les statistiques ». Parmi ces trois types de mensonges, Twain détestait particulièrement les statistiques, car elles peuvent être aussi trompeuses et mensongères que descriptives et concluantes. Prenez les statistiques de Falcon Ridge, par exemple : Dénivelé : 36 mètres (119 pieds); accumulation moyenne annuelle de neige : 0,47 mètre (1,5 pi); Pistes expertes : 0; Télésièges : 0. Pourquoi et comment Falcon Ridge prospère-t-elle depuis plus de 60 ans? Pour le savoir, il faut regarder bien au-delà des statistiques. Voici son incroyable histoire.
Falcon Ridge Ski Slopes, Manitoba
Modeste, reculé et dur à battre
Les enfants représentent peut-être la vitalité du ski, mais ce sont les stations de ski communautaires qui en sont le cœur et l’âme. Souvent modestes et isolées, c’est là que la plupart d’entre nous avons appris à skier. Et c’est là que nous initions aujourd’hui nos enfants et petits-enfants aux joies éternelles de notre sport d’hiver préféré. Stations de ski communautaires se penche sur le passé, le présent et l’avenir des stations de ski communautaires à travers le Canada. Article de Dave Fonda.
Une initiative gouvernementale
Falcon Ridge Ski Slopes et son terrain de golf sont inaugurés en 1959 par le gouvernement progressiste-conservateur du premier ministre « Duff » Roblin, dans le cadre d’un programme qui vise à promouvoir les activités de plein air au Manitoba.
Situé près de la frontière de l’Ontario, le lac Falcon est nommé en l’honneur de Pierre Falcon, « le barde des Métis des Prairies ». Longtemps un lieu de retraite estival privilégié par les pêcheurs, les campeurs, les visiteurs et les propriétaires de chalets, la région n’attendait plus que les skieurs.
Gerry Malaher (à droite) et un agent de conservation (à gauche). Photos gracieusement fournies par Barb Hamilton.
Falcon Ridge prend son envol!
La ‘petite montagne’ connait un succès immédiat, attirant des skieurs de Kenora et de Winnipeg. Malgré sa taille modeste, familles et amis s’y donnent rendez-vous chaque fin de semaine pour skier, socialiser et, au besoin, donner un coup de main.
Sandra et Grant Boutillier, des habitants de la région, offrent un chalet qui deviendra le premier local du club de ski. Bob Gawne et les bénévoles du club de ski entreprennent de rénover la cabane, qui abrite aujourd’hui les premiers soins). Pendant ce temps, le magnifiquement moustachu Gord Hood déneige le lac gelé qui fait office de stationnement entre deux séances d’enseignement du ski. Au début des années 90, la popularité du ski commence à décliner. En raison de la rareté des chutes de neige, de la baisse des ventes de billets et de l’augmentation des coûts d’assurance, le gouvernement décide de fermer Falcon Ridge. La communauté est atterrée.
Un rêve prêt à être réalisé
C’est à ce moment-là qu’entrent en scène Barbara Hamilton et son mari Craig Christie. Barb est la première femme à avoir terminé le programme de compagnon-charpentier à Winnipeg, et Craig est un charpentier hautement qualifié. Ils n’ont pas la moindre idée de ce que peut impliquer la gestion d’un domaine skiable, mais ils rêvent tous deux d’ouvrir un centre de villégiature et projettent de construire et de louer des chalets dans la région. S’ils réussissent à obtenir un prêt pour acheter la colline, ils lanceront l’entreprise de leurs rêves et la géreront à plein temps.
En 1996, ils se voient accorder un prêt et l’autorisation d’exploiter leur nouvelle entreprise sur le territoire du Traité 3, dans le parc provincial de Whiteshell. Pendant que Craig aménage des pistes de ski de fond et construit des chalets, Barbara commence à recruter du personnel et à comprendre les tenants et les aboutissants de l’exploitation d’une station de ski. Tout le monde s’y met. Les habitués reviennent, y compris Everyday Bob qui skie là… tous les jours. Mais ils ne sont pas simplement de retour. Ils sont prêts et désireux de contribuer à la survie de leur station.
Adolf et Olive Zimmerman (à gauche de la pompe à essence). Photos gracieusement fournies par Barb Hamilton.
Les trois sœurs se mettent au travail
Alors que Craig et Barbara sont toujours impliqués au quotidien, leurs filles Emily, Brooke et Caleigh, alors dans la trentaine, dirigent maintenant les opérations. Caleigh, directrice générale, explique : « À 16 ans, on avait déjà occupé tous les postes, d’opératrice de remonte-pente à l’atelier de location, en passant par la cuisine et les ventes. Ça nous coulait dans les veines, et c’est encore le cas aujourd’hui. »
Bien que les locaux (c’est-à-dire les quelques centaines de propriétaires de chalets qui vivent à proximité à longueur d’année) constituent toujours le cœur de l’activité de Falcon Ridge, les sœurs savent qu’elles doivent élargir leur champ d’action.
Quand idées et communautés convergent
À l’université de Winnipeg, les sœurs se lient d’amitié avec des musiciens qui viennent au centre de ski pour travailler avec elles les fins de semaine. « Une fois, durant un hiver où la neige se faisait rare », explique Caleigh, « on s’est demandé comment on pouvait inciter les gens à venir au centre de ski. Comme on avait des musiciens dans l’équipe, on a organisé un petit festival. » Depuis, le Snow Dance Festival of Music and Winter est à guichet fermé chaque année.
Brooke ajoute : « Encore aujourd’hui, environ 75 % des employés de Falcon Ridge sont musiciens. » Leurs spectacles remplissent le chalet tous les dimanches!
Artiste : Dana Lee. Photo par Emily Christie.
Une communauté de planchistes investis
Pour rejoindre les planchistes, les Christie ont mis en place un programme de bénévolat. En échange de leur aide à Ryan, le mari de Caleigh et directeur des opérations en montagne, à la conception, à la construction et à l’entretien du parc à neige, les planchistes bénévoles obtiennent un billet de remontée et un lunch gratuits. « Ils adorent ça », déclare Caleigh. « C’est peu de responsabilités. C’est créatif. C’est une façon pour eux de sentir qu’ils font partie du parc. »
De plus, leur sentiment d’implication et de fierté les pousse à inviter leurs amis qui aiment Falcon, car l’ambiance est tellement bonne! « C’est ça, la communauté du parc à neige », déclare Caleigh.
« Une station de ski communautaire est un centre où l’accent est mis moins sur les profits et plus sur la façon dont on peut contribuer à la vitalité de la communauté. »
— Caleigh Christie, directrice générale, Falcon Ridge Ski Slopes
Une communauté de biathlon en pleine croissance
Falcon Ridge est également le centre d’entraînement provincial de l’équipe de biathlon du Manitoba. « Ils viennent environ sept fois par année pour participer à des compétitions dans nos installations », explique Caleigh. « C’est une grande communauté qui se retrouve dans notre petite station de ski. »
Parmi les biathlètes, on compte Megan Imrie, une habitante de la région. Elle s’est entraînée au biathlon avec les sœurs Christie quand elles étaient enfants. Deux fois biathlète olympique, Megan travaille aujourd’hui avec Spirit North. Becky Scott, une autre athlète olympique, a créé cette organisation qui propose des activités pour améliorer la santé et le bien-être de jeunes autochtones. Megan et Caleigh réfléchissent actuellement à un moyen d’amener Spirit North à Treaty 3. Selon Caleigh, « c’est le patelin et le terrain d’entraînement de Megan, et elle aimerait beaucoup que ce programme soit mis en place à Falcon Ridge. »
Photo par Dave Spence.
Et ça continue
Il n’est pas surprenant que les filles tendent constamment la main à de plus en plus de communautés. Jusqu’à présent, elles ont créé des programmes communautaires durables avec des élèves de la région, des élèves des Premières Nations du nord-ouest de l’Ontario et de Shoal Lake, des skieurs de fond et alpins, des adeptes du tubing, des skijörers, des adeptes du curling avec une dinde congelée, des cyclistes de montagne… et plus encore. Pas étonnant qu’on appelle Falcon Ridge « la plus grande des petites collines ».
Falcon Ridge
La plus grande des petites collines