Batawa provient de la combinaison de « Bata » (le fameux cordonnier) et du suffixe « wa », comme dans « Ottawa ». Le nom a d’abord été donné à une ville industrielle, puis à un club de ski et, enfin, à une station de ski. Le fait que la colline de 50 mètres (164 pieds verticaux) attire encore des milliers de skieurs et de planchistes chaque hiver en dit long sur l’attrait incroyable et indéfectible de notre sport. Et encore plus sur ceux qui ont fait du centre de ski Batawa ce qu’il est aujourd’hui : une petite colline au grand cœur.
Batawa Ski Hill, Ontario
Petite colline. Grand cœur.
C’est dans les stations de ski communautaires que la plupart d’entre nous avons appris à skier et où nous initions maintenant nos enfants et petits-enfants à ce loisir hivernal agréable et sain, auquel on s’adonne toute notre vie. Stations de ski communautaires – Récits du berceau du ski canadien est une série qui examine comment, quand et pourquoi les stations de ski communautaires sont devenues une composante si accueillante et appréciable de l’effervescent patrimoine hivernal canadien. || Directeur créatif : Gordie Bowles | Scénariste : Dave Fonda
L’héritage de Tomas J. Bata
Le nom Bata est synonyme de chaussures confortables depuis 1894, quand Tomas Bata a fondé son entreprise à Zlin, en Tchécoslovaquie. Tragiquement tué dans un accident d’avion en 1932, son entreprise est léguée à son demi-frère, Jan Antonin, et à son fils unique, Tomas Jan Bata.
En 1939, Tomas J. Bata, son partenaire commercial, le Dr Karel Herz, quelque 80 ouvriers tchèques et leurs familles émigrent au Canada. Bata aspire alors à construire une usine de fabrication de chaussures. Il s’installe sur un terrain de 1 500 acres le long de la rivière Trent, dans la région de Trenton, en Ontario, alors en pleine crise économique. Bien reçu par les habitants, il met rapidement ces derniers au travail aux côtés d’immigrants tchèques qualifiés pour fabriquer chaussures, vêtements et pièces de machines de précision destinées à l’effort de guerre.
Tomas J. Bata (à droite). Publicité « Beauty-on-Duty » pour les chaussures Bata pendant la Seconde Guerre mondiale.
Des chaussures qui laissent une empreinte
Batawa est devenue la première de dizaines de Batavilles que l’entreprise de chaussures a construites partout dans le monde. Tous profitent de l’essor de l’entreprise. Batawa met sur pied un programme pour aider les nouveaux arrivants à apprendre l’anglais, ouvre une bibliothèque de prêt, et lance un bulletin d’information et une émission de radio quotidiens.
Consciente de l’importance d’une bonne forme physique pour la santé, elle créée une association de gymnastique et fait la promotion d’une multitude de sports, d’arts et d’activités récréatives.
Inauguration du centre de ski
En 1959, un groupe de skieurs passionnés qui travaillaient à l’usine Bata estiment que la région a besoin d’une colline où les gens pourraient skier et faire de nouvelles rencontres. Ils prennent le nom de Batawa Ski Club (le club de ski de Batawa).
En offrant bénévolement leur temps, leurs ressources et leur énergie, ils inaugurent une piste de ski et mettent en place un système de remontée par câble de traction actionné par camion. Par temps froid, ils servent des boissons chaudes sous une petite tente. On peut dorénavant skier dans le sud-est de l’Ontario!
Sonja Bata, T. Dekker, J. Cormack, D. Buck, J. Wellstein, S. Folschweiller. Photo gracieusement fournie par le centre de ski Batawa.
Comment faire croître une petite colline
En 1979, le ski est devenu l’un des passe-temps hivernaux préférés des habitants de Batawa. Avec l’aide de bénévoles, de dons privés et d’une subvention de Wintario, le club de ski ouvre le spacieux chalet Sonja Bata de deux étages, nommé en l’honneur de l’épouse de Tomas J., d’origine suisse, qui fondera le célèbre musée de la chaussure Bata.
Puis, on remplace le câble de traction par un T-bar, on installe un système d’éclairage pour le ski de soirée, on aménage des pistes de ski de fond et on ouvre un magasin qui vend et loue du matériel de ski alpin et de fond. En 1988, après avoir obtenu une subvention provinciale, le club investit dans un équipement de fabrication de neige, un nouveau véhicule tout-terrain et davantage d’équipement de location.
Partager la richesse
En 1989, l’usine de chaussures emploie 1 500 personnes, auxquelles s’ajoutent 380 personnes dans la division ingénierie. Tomas J. Bata juge alors qu’il est temps de remplacer les logements datant de la guerre, subventionnés par son entreprise, par de nouveaux bungalows abordables pour ses ouvriers.
De son côté, le club parvient à prolonger la saison de ski en augmentant la capacité d’enneigement de la colline grâce à une nouvelle canalisation d’eau.
Les ouvriers de l’usine de Batawa quittent le bâtiment à la fin de leur journée de travail. Photo gracieusement fournie par le centre de ski Batawa.
Changer de direction pour maintenir le cap
La saison de ski 2006-2007 est marquée par une série de changements radicaux. Grâce à Sonja Bata, le petit club de ski de Batawa, géré par des bénévoles, est transformé en une organisation à but non lucratif appelée « Centre de ski Batawa » (Batawa Ski Hill). C’est ainsi que s’amorce une période d’expansion et de modernisation qui se poursuit encore aujourd’hui.
Bata ne fabrique plus de chaussures à Batawa depuis 2000, mais quelque 300 personnes vivent encore dans cette localité dynamique qui fait maintenant partie de Quinte West. L’usine Bata d’origine, qui comptait cinq étages, a été reconvertie en copropriétés écologiques à usages multiples, chauffées et refroidies par géothermie.
Batawa aujourd’hui
Plus de 32 000 skieurs et planchistes des municipalités environnantes, de la base des Forces canadiennes de Trenton, de Kingston et même de Toronto ont visité la station de ski l’hiver dernier. Ils sont venus profiter des 12 pistes de Batawa, de ses deux parcs à neige, de son sous-bois, de son fameux programme de compétition pour juniors et de ses 17 kilomètres de pistes de ski de fond. Les parents actifs apprécient les pistes pour enfants aménagées devant le chalet, où ils peuvent jouer dans la neige avec leurs petits. Quant aux non-skieurs, ils peuvent siroter un bon café à l’intérieur du chalet en assistant, à travers les grandes baies vitrées, aux prouesses de leur progéniture en train d’apprendre à skier ou à faire de la planche à neige sur la pente-école.
Camp d’été pour enfants, un programme destiné aux enfants de tous âges. Photo gracieusement fournie par le centre de ski Batawa.
Batawa demain
Pour le directeur général Brian Diedenhofen, le plus grand défi de Batawa est désormais la météo. « Au cours des trois dernières années, il a fait plus chaud et il a plu davantage », explique-t-il. « Comme cette région ne reçoit pas beaucoup de neige naturelle, les gens supposent que nous devons être fermés, même si nous fabriquons beaucoup de neige artificielle. En tant que petite montagne locale, nous voulons que le domaine reste abordable afin que les gens puissent en profiter. Nos coûts d’exploitation augmentent tellement qu’il est difficile d’être rentable. Et il est de plus en plus difficile d’obtenir des fonds. Cela dit, nous sommes très fiers que Batawa soit devenu un domaine skiable très familial où parents et enfants peuvent s’amuser et apprendre ensemble sur les pistes. »