Dee Read

De championne de ski du Dominion à instigatrice de dynastie du ski canadien

Name: Dorothy (Dee) Anne Read
Affiliated Discipline(s): Ski alpin
Date of Birth / Death: 1926-2004
Hometown: Montréal, Quebec / Calgary, Alberta
Active Career Period: 1948 - 1988
Induction CSHF: 2001
Induction Category: Alpine official

Il y a 75 ans, une vaillante étudiante en sciences de l’Université McGill du nom de Dorothy (Dee) Anne Burden, alors âgée de 22 ans, montait à bord d’un train à Montréal, direction ouest, munie de son équipement de ski. Trois jours plus tard, elle arrivait à Banff, en Alberta, prête à défier les meilleures skieuses canadiennes sur les fameuses pistes du mont Norquay, loin de se douter qu’elle était sur le point de créer l’une des plus grandes dynasties sportives du Canada.

Récit de Dave Fonda, pour le Temple de la renommée du ski canadien et Musée

Mont Norquay : la plus grande station de ski des Rocheuses canadiennes

Le mont Norquay doit son nom à un premier ministre manitobain qui a échoué à en atteindre le sommet. À la suite d’un incendie de forêt dévastateur en 1917, Gus Johnson, moniteur de ski suédois de la région, conclut que la montagne pourrait offrir d’excellentes pistes de ski. En collaboration avec le tout nouveau Banff Ski Club, il inaugure la première d’innombrables pistes de ski de haut calibre de la vallée de la Bow. Fort de son tout nouveau chalet de ski, le mont Norquay devient en 1926 le plus important centre de villégiature des Rocheuses canadiennes.

La nouvelle se répand rapidement et fait affluer skieurs, alpinistes et vacanciers à Banff. En 1929, après avoir accueilli une des fameuses épreuves de slalom de Sir Arnold Lund, le mont Norquay devient une destination de choix pour les skieurs chevronnés. Deux ans plus tard, il accueillera le premier des trois Championnats de ski du Dominion.  

Avec la permission de la station de ski du mont Norquay.

Affiche promotionnelle pour les Championnats canadiens de ski de 1948.

Les Championnats de ski du Dominion

En 1921, le Club de ski de Montréal organise les premiers championnats nationaux de ski, exclusivement réservés aux skieurs nordiques. Il faut attendre 1929 pour que le ski alpin soit inclus au programme, et que l’Autrichien Harald Paumgarten remporte le slalom à Shawbridge, au Québec.

Huit ans plus tard, le mont Norquay accueille l’événement sous son nouveau nom, les Championnats de ski du Dominion. L’événement s’y déroulera à nouveau en 1937 et en 1940. En 1948, les Championnats de ski du Dominion constituent le premier événement majeur de l’après-guerre dans l’ouest du Canada. Skoki Lodge devient une destination prisée des touristes, tandis que Sunshine et Lake Louise se développent en tant que centres de loisirs. Les vacanciers affluent bientôt à Banff pour monter à bord de la toute nouvelle et rutilante chaise en Amérique du Nord à Norquay.

Lorsque Dee Burden descend du train, Banff est en pleine effervescence, ce qui la motive encore plus à remporter le prestigieux titre de championne du monde. Et elle ne nous laissera pas sur notre appétit.

La première de nombreuses victoires

Passionnée de plein air, Dee Burden adore le camping, être monitrice de camp et skier dans ses Laurentides bien-aimées, où elle excelle au sein du Penguin Ski Club de Sainte-Adèle. Skieuse technique douée, elle raffole de la vitesse. Et ça se voit bien.

Dee remporte la descente aux Championnats de ski du Dominion, battant la jeune espoir et future championne du monde, Lucile Wheeler. Après s’être classée cinquième dans le slalom, Dee s’empare de la victoire au combiné et retourne à Montréal avec le titre de championne incontestée de ski du Dominion. À cette victoire viendront s’ajouter de nombreuses autres tout au long de son illustre carrière.

Collection privée de la famille Read.

Collection privée de la famille Read.

Le début d’une dynastie

En 1948, Dee épouse John Read, un étudiant en médecine qui a quitté McGill pour servir dans la Marine canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Après avoir obtenu son diplôme, Dee obtient un emploi dans un laboratoire, ce qui permet à John de poursuivre ses études et de mettre la main sur son diplôme de médecine. Après son internat, John poursuit une spécialisation en enseignement médical, ce qui amène la famille Read à Vancouver (UBC), à Kingston (Queens), en Suisse (Organisation mondiale de la santé) et finalement à Calgary.

La passion de John pour le hockey a beau équivaloir à celle de Dee pour le ski, tous deux conviennent que même si le hockey est le sport national du Canada, ce sera le ski qui deviendra le loisir hivernal privilégié de la famille Read. C’est ainsi que, l’un après l’autre, leurs enfants Jan, Ron, Ken et Jim se mettent au ski et à la compétition.

Ron, le fils aîné, déclare : « On ne sait pas vraiment à quoi ressemble le dévouement tant qu’on ne prend pas la voiture tous les vendredis soirs, de décembre à avril, pour faire deux heures de route jusqu’à Ottawa, et chaque dimanche soir pour revenir à Kingston, et ce, sans manquer un seul week-end pendant quatre années de suite. »

L’appel de la vallée de la Bow

En 1968, John est nommé doyen du département des sciences de la santé communautaire de la toute nouvelle école de médecine de l’université de Calgary.

N’étant pas du genre à se reposer sur ses lauriers, Dee continue à bâtir son héritage comme l’une des grandes pionnières du ski canadien. Dans un premier temps, elle entraîne l’équipe féminine de ski alpin de l’université de Calgary. Puis, en tant que cadre du Lake Louise Ski Club, elle participe à la mise en place d’un programme de la Nancy Greene League. Elle occupe également plusieurs fonctions clés au sein d’une équipe d’audacieux et d’ambitieux bénévoles qui, en 1980, organisent la première descente de Coupe du monde du Canada à Lake Louise. Grâce à leur travail acharné, ils aident la ville de Calgary à remporter l’appel d’offres pour la tenue des Jeux olympiques d’hiver de 1988. Enfin, en 1991, ils contribuent à faire de Lake Louise l’étape d’ouverture annuelle de la Coupe du monde, prisée tant des femmes que des hommes.

Ken Read explique : « Je ne peux pas vous dire le nombre de fois où les gens m’ont dit qu’elle les avait encouragés, qu’elle leur avait donné de bons conseils et qu’elle était restée toute la journée sur la montagne par une température de -25 degrés Celsius. C’était une battante. C’était une personne pragmatique qui faisait passer l’athlète en premier et qui luttait pour le respect de l’égalité. » Et elle faisait tout cela avec « grâce, humilité et ténacité. »

Dee Read a travaillé avec autant de ferveur pour l’Association de ski alpin de l’Alberta (alors Association canadienne de ski, division de l’Alberta), où elle a siégé au conseil d’administration et occupé les fonctions de présidente et de trésorière de l’Association de ski alpin. En 1976, elle devient l’une des premières femmes déléguées techniques de la Fédération internationale de ski (FIS).

Les Championnats de ski du Dominion de 1948, au mont Norquay. Avec la permission des archives du musée Whyte.

C’était la mère de tous les coureurs de ski.

– Karen Stemmle, ancienne membre de l’équipe canadienne de ski alpin.

Jim Read (holding Canadian flag) competing on the North American Pro Tour in 1989. Photo courtesy Read family private collection.

Telle mère, tels fils

Pendant que Dee s’évertue à consolider la place de l’Alberta sur la scène mondiale, ses fils, Ken et Jim, se hissent aux premiers rangs de l’équipe canadienne masculine de ski alpin. Ken Read, troisième du nom et membre de l’équipe originale des Crazy Canucks, participera deux fois aux Jeux olympiques, deviendra le premier Nord-Américain à remporter une course de descente de la Coupe du monde et remportera cinq fois le titre de champion de descente de la Coupe du monde.

Son frère cadet, Jim, participera également à deux Jeux olympiques d’hiver en slalom, slalom géant, super-G et combiné avant de devenir le skieur nord-américain le plus couronné du North American Pro Tour. Après avoir accroché son dossard, Jim deviendra l’un des meilleurs et des plus appréciés entraîneurs de ski en Alberta, avec les Sunshine Alpine Races et l’équipe provinciale.

Une nouvelle génération

Aujourd’hui, ce sont les petits-enfants de Dee qui font la une de l’actualité sportive. Erik et Jeffrey, les fils de Ken et Lynda Read, ont récemment remporté la médaille de bronze dans l’épreuve parallèle par équipes mixtes aux Championnats du monde de ski alpin de 2023 de la FIS à Courchevel-Méribel, en France. Un autre de ses petits-fils, Stefan (fils de Ron), a également participé à deux reprises aux Jeux olympiques et a été le meilleur sauteur à ski du Canada de 2002 à 2010.

Au total, la famille Read a remporté un nombre impressionnant de 32 titres de championnats nationaux : deux pour Dee, sept pour Ken, huit pour Jim, quatre pour Erik, trois pour Jeffrey et huit pour Stefan.

Erik Read (arrière gauche) et son frère Jeffrey célèbrent avec Valérie Grenier et Britt Richardson la victoire du Canada dans l’épreuve parallèle par équipe mixte aux Championnats du monde de ski alpin de la FIS à Méribel, en France.

Collection du TRSCM.

L’héritage indéfectible de Dee Read

Dee Read était une skieuse accomplie. Championne nationale de ski et mère de quatre athlètes, elle était également instructrice, entraîneuse, experte technique et administratrice chevronnée, et travaillait sans relâche à l’évolution de presque toutes les facettes du ski. En prouvant que les femmes pouvaient exceller aussi bien dans le sport que dans les conseils d’administration, Dee en a inspiré plus d’une à suivre ses traces.

En 1990, elle est devenue la deuxième femme à être nommée sportive de l’année par le Calgary Booster Club. En 2001, Dee Read a été intronisée en tant qu’athlète et bâtisseuse au Temple de la renommée du ski canadien. Après avoir « officiellement » pris sa retraite, Dee est devenue bénévole lors de courses de ski, où elle a travaillé au contrôle du parcours, comme garde-porte et fervente supportrice. En tant qu’une des célèbres « Ski Friends » de Lake Louise, elle se faisait un plaisir de faire découvrir aux visiteurs les pentes de la plus grande station des Rocheuses canadiennes, et ce, jusqu’au printemps 2004.

Dee Read, née Dorothy Anne Burden, est décédée au Foothills Medical Centre, le 8 mai 2004, mais sa force de caractère et son goût pour la victoire ne sont pas près d’être oubliés.

Dee Read, née Dorothy Anne Burden, passed away at Foothills Medical Centre, on May 8, 2004. But her indomitable spirit and winning ways live on.

Le mont Norquay en images

Gracieuseté du centre de ski de Mont Norquay
Gracieuseté du centre de ski de Mont Norquay
Gracieuseté du centre de ski de Mont Norquay
Gracieuseté du centre de ski de Mont Norquay
Gracieuseté du centre de ski de Mont Norquay
Gracieuseté du centre de ski de Mont Norquay
Gracieuseté du centre de ski de Mont Norquay

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