Un groupe de fondeurs à Gatineau, Québec, dans les années 1920. Collection du TRSCM.

Les origines canadiennes du ski et de la planche à neige

Retracer les origines scandinaves des sports d’hiver

En nous replongeant dans le passé, nous pouvons nous mettre à la place des premiers pionniers du ski, un sport pratiqué depuis plus de 22 000 ans. Bien qu’il soit difficile d’imaginer un sport aussi ancien, des dessins rupestres découverts par des chercheurs sont là pour le prouver. Les plus anciens fragments de ski ont été retrouvés dans le nord de la Russie autour de 6 000 ans avant J.-C.

Fait étonnant : depuis le XVIIIe siècle, le ski en Eurasie a continué d’évoluer et de se décliner en plusieurs disciplines autant pour des usages militaires que sportifs. Au même moment, en Amérique du Nord, les raquettes sont apparues comme une technologie équivalente. Le concept du ski a fait son chemin jusqu’au Canada, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, grâce aux récits des immigrants scandinaves qui ont partagé leur pratique de ce sport d’un océan à l’autre. Ainsi, peu après l’arrivée de ces immigrants en Amérique du Nord, les Canadiens ont accueilli, adopté et réinventé les diverses disciplines du ski au sein desquelles ils ont évolué et rivalisé les uns avec les autres.

Le ski de fond

Le ski de fond a des origines scandinaves qui remontent à plus de 5 000 ans. Cette discipline a beaucoup évolué depuis que des immigrants scandinaves l’ont amenée au Canada en 1890 alors que la plupart des skieurs n’avaient qu’un seul bâton. Les lourds skis en bois non laminé pouvaient mesurer jusqu’à quatre mètres de long et environ 80 millimètres de large.

Du ski à Rockcliffe Park, près d’Ottawa vers la fin du XIXe siècle. Le sport a été introduit à Ottawa en 1887. Bibliothèque et Archives Canada.

« Jackrabbit » (à gauche) et des amis sur le sentier de la Maple Leaf, entre Mont Rolland et Shawbridge en 1949. Collection du TRSCM.

L’endurance

Herman « Jackrabbit » Smith-Johannsen a joué un rôle majeur dans le développement du ski de fond au Canada. C’était un homme passionné et enthousiaste, dont la capacité extraordinaire de se mouvoir rapidement dans la neige profonde et de parcourir de longues distances lui a valu le surnom de « Jackrabbit » (NDLT : « Jackrabbit » signifie « lièvre » en français).

Considéré comme l’un des plus grands pionniers du ski, Johannsen a contribué à populariser ce sport partout en Amérique du Nord. Dans les années 1920 et 1930, il a considérablement amélioré les sentiers de ski déjà existants dans les Laurentides, notamment le fameux sentier de la Maple Leaf. Il a été organisateur de courses, instructeur et entraîneur de ski. Il a aussi été un officiel pour des compétitions de ski ainsi qu’un infatigable champion de la forme physique tout au long de sa vie.

En 1972, « Jackrabbit » s’est vu décerner l’Ordre du Canada et en 1982, à l’âge de 107 ans, il a été intronisé au Panthéon des sports canadiens. « Jackrabbit » Johannsen s’est éteint en 1987, à l’âge vénérable de 111 ans (il a été le plus vieil homme au monde durant les 22 derniers jours de sa vie). Une véritable légende, une icône et un pionnier du ski canadien!

Télémark

Le télémark tire son nom de la région éponyme en Norvège connue pour ses compétitions de ski de renommée internationale. Des technologies innovantes et avant-gardistes ont été développées à cet endroit, y compris une nouvelle technique pour gravir les montagnes élaborée en 1868 par Sondre Norheim. Pour la première fois, les skieurs ont été capables de tourner en descendant. Cette technique de virage s’est avérée difficile à maîtriser avec le talon détaché.

Émile Cochand enseigne le télémark au Québec en 1911. Skiing Heritage Journal, 2001.

Des skieurs font une démonstration des techniques du virage télémark à Lake Placid, New York, en 1921. Collection de TRSCM.

L’essor en Amérique du Nord

Le télémark s’est d’abord répandu partout en Europe, puis est arrivé peu après aux États-Unis et au Canada. Le Telemark Ski Club (qui deviendra plus tard le Toronto Ski Club) a été fondé en 1908 et se composait au départ de six membres qui n’avaient jamais skié auparavant. En dépit du déclin rapide de sa popularité avec les débuts du ski alpin, le télémark continue encore aujourd’hui de faire des adeptes parmi les Canadiens mordus d’aventure à travers le pays.

Le saut à ski

L’art de faire monter l’adrénaline en s’élançant sur une rampe vertigineuse, puis en sautant pour « voler » le plus loin possible est incomparable. Bien qu’il apparaisse pour la première fois en Norvège en 1808, les immigrants norvégiens ne l’ont amené au Canada qu’au début du XXe siècle. Le Norvégien Nels Nelsen a été l’un des instigateurs de cette discipline, dont l’enthousiasme s’est répandu à travers le pays, d’abord à Revelstoke, C.-B., dans les années 1910.

Nels Nelsen en 1925 peu après qu’il eut battu le record du monde de 240 pieds. Collection du TRSCM.

Un jeune skieur s’élance sur un saut en neige, en 1918, à Côte-des-Glacis, Québec. Collection du TRSCM.

L’Est et l’Ouest

Pendant que Nelsen menait le développement du saut à ski sur la Côte Ouest, la discipline gagnait du terrain dans l’est. Les premiers clubs de ski du Canada se seraient ainsi formés en raison du besoin en organisation et en installations nécessaires pour exécuter ces sauts en toute sécurité.

L’évolution du saut à ski depuis ses débuts à Revelstoke.

Le documentaire de Parcs Canada « Voler sans ailes » raconte plus de six décennies de saut à ski à Revelstoke, C.-B. Parcs Canada. (Vidéo en anglais)

Le combiné nordique

Le combiné nordique comprend les disciplines du ski de fond et du saut à ski. La première compétition connue a eu lieu en 1892 et c’était le sport hivernal le plus en vue à l’époque. Même le roi de Norvège a participé à une épreuve de combiné nordique dans les années 1920! La première incursion officielle du Canada dans ce sport olympique a eu lieu peu après, en 1928.

Une partie de l’équipe olympique canadienne de 1928. Les deux premiers Canadiens à participer au combiné nordique sont William Thompson (au centre) et Merritt Putman (le deuxième à partir de la droite). Collection du TRSCM.

Jostein Nordmoe, dans les années 1930. Collection du TRSCM.

La meilleure performance du Canada

Même si la Scandinavie était reconnue pour occuper les premières places du classement en combiné nordique aux Olympiques, le Canada a tout de même eu des athlètes et des performances très respectables. Champion de nombreuses compétitions, Jostein Nordmoe a été reconnu comme l’athlète olympique canadien ayant le mieux performé lorsqu’il a décroché la 10e place au classement des Jeux olympiques de Lake Placid en 1932.

« En ski, bien qu’en bas du classement, le Canada n’était pas pour autant en reste. Quelques années supplémentaires lui permettront sûrement de donner à nos amis norvégiens un beau défi pour décrocher les honneurs de la première place. »

– Merritt Putman, à propos de son expérience aux Jeux olympiques de 1928

Le ski alpin

La Suisse a remis le tout premier trophée de descente en ski alpin en 1924. Le club portait le nom d’un illustre maréchal britannique nommé Lord Roberts of Kandahar. C’est ce qui a marqué le début de la tradition de la Coupe Kandahar, une course classique qui est parvenue au Canada en 1932, dont la première édition s’est tenue au mont Tremblant.

Le trophée de la seconde place de la Québec Kandahar du Mont Tremblant remportée par Louis Cochand en 1936. Collection du TRSCM.

George B. Jost, vainqueur de la Coupe Québec Kandahar en 1932. Musée du ski des Laurentides.

L’année où le ski alpin a laissé sa marque

C’est en 1932 que le ski alpin est arrivé au Canada. La première course canadienne majeure en slalom s’est tenue à Sainte-Marguerite, Québec, et a été organisée par le McGill Redbirds Club. Environ au même moment, à Shawbridge, Québec, le premier câble de remontée a été installé par Alex Foster facilitant ainsi la maîtrise de la technique puisque les skieurs pouvaient se rendre au sommet de la montagne plusieurs fois sans s’épuiser à la remonter par eux-mêmes. Un développement majeur pour le ski alpin!

Biathlon

Les origines spécifiques du biathlon remontent à 400 ans avant J.-C. selon le poète romain Virgile. Toutefois, les chercheurs ont découvert dans des pétroglyphes et des dessins rupestres des preuves qui devançaient les sources écrites de plusieurs milliers d’années. Ces pétroglyphes s’inspiraient apparemment de la combinaison du ski et du tir. La première course officielle de biathlon a eu lieu près de la frontière entre la Norvège et la Suède en 1767.

Une ancienne peinture rupestre d’Alta, Norvège, illustrant des chasseurs sur des skis. National Ski Council Federation.

La Course de ski et de biathlon de la patrouille militaire en 1961, à Camp Fortune, Québec. Collection du TRSCM.

Des origines étonnantes au Canada

Plutôt que par une association de ski, les premières vraies compétitions canadiennes de biathlon ont été organisées par les Forces armées. La première équipe du Canada ayant participé aux Jeux olympiques de Grenoble, en 1968, en France, était principalement composée de militaires.

Planche à neige

Bien qu’il soit difficile de déterminer avec exactitude quand la planche à neige a été inventée, il est admis qu’elle s’est inspirée des planches de surf des années 1960 aux États-Unis. En 1965, un ingénieur du Michigan, Sherman Poppet, est reconnu pour avoir créé l’une des premières versions de la planche à neige, qui s’appelait à l’époque un « snurfer ». C’est le début d’une période d’innovation où plusieurs créateurs font de nombreux essais. Parmi ces pionniers, on retrouve certains Canadiens marquants, comme Willi Winkels (voir ci-dessous).

Le « ski bombe » a été conçu pour « surfer sur la neige ». Il était exposé comme un article promotionnel dans un magasin de Peterborough, Ont., et était fabriqué à Montréal, QC, vers 1968. Collection du TRSCM.

Willi Winkels aperçu en train de faire de la planche à neige à Mammoth Mountain. Mountain Life Media.

Fabriqué au Canada

Willi Winkels était un inventeur, un athlète et un pionnier parmi les amateurs de planche à neige. Au départ, dans les années 1970 et 1980, il fabriquait des planches à roulettes à Brampton, Ontario, et se tournait vers les sports d’hiver durant la saison froide. Quand il neigeait, il testait différents prototypes de planches à neige fabriqués à l’origine à partir de planches à roulettes.

Apprenez-en plus sur le rôle essentiel de Blue Mountain dans le développement de la planche à neige.

Judy Winkels raconte comment les planches à neige et la pratique de ce sport a commencé au Canada. Blue Mountain | REEL History.

Le ski acrobatique

Bienvenue dans l’univers du ski acrobatique, où les athlètes combinent acrobaties et gymnastique avec style et grâce. Même si le tout premier saut périlleux réussi en ski date de 1907, ce n’est qu’en 1950 qu’il devient pratique courante, notamment grâce aux impressionnants sauts périlleux du Norvégien Stein Eriksen, lors des épreuves professionnelles de ski. Alors que cette discipline a continué d’évoluer au fil du temps, les bosses et le saut acrobatique ont relativement peu changé.

Stein Eriksen, le « père du ski acrobatique » effectue un de ses célèbres sauts. Los Angeles Times.

John Johnston en pleine exécution d’un saut arrière. Collection du TRSCM.

Officiellement canadien

John Johnston s’est donné la mission de diriger le groupe qui a fondé l’Association canadienne de ski acrobatique en 1974, lorsque ce sport a été reconnu comme une discipline officielle. Grâce à ce statut et à cette reconnaissance, Johnston et ses associés ont organisé des compétitions de ski acrobatique pour les skieurs amateurs à travers le pays, jetant ainsi les bases des futurs exploits canadiens dans cette discipline.

Pour en savoir plus

Visitez cette exposition virtuelle consacrée au pionnier de la planche à neige Willi Winkel.

Apprenez-en davantage sur l’histoire du biathlon au Canada et à l’étranger.

Lisez sur Merritt Putman qui raconte lui-même ses expériences aux Jeux olympiques de 1928.

Découvrez-en plus sur les courses Québec Kandahar dans le Canadian Ski Annual et le Canadian Ski Yearbook.

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